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Le Blog de Julien Hoarau

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Le Blog de Julien Hoarau
17 décembre 2005

Creation d'entreprises pérennes

La protection juridique des services innovants ou comment sauver l’entrepreneur "Schumpeterien".

La création et la pérennité à moyen terme des TPE / PME se présentent aujourd’hui comme l’un des objectifs majeur de la commission européenne.

Voici une proposition concrète susceptible de permettre très rapidement une croissance saine et rapide des TPE/PME dans le secteur des services innovants et de créer de l’emploi en France et en Europe :

Accorder un monopole d’exploitation temporaire aux entreprises du secteur tertiaire qui proposent un service innovant.

Nous constatons aujourd’hui une discrimination juridique et économique à l’égard des entreprises innovantes dans le secteur des services. La création de valeur ajoutée initiée par la créativité ne trouve pas de récompenses économiques dans le domaine des services.

A l’inverse, la production de biens initiée par une technologie innovante est protégée au titre du brevet.

Pourtant, dans les deux cas, il existe une activité créative qui mérite un minimum de protection.

Les conséquences de cette distinction infondée sont simples : le créateur d’une technologie nouvelle est protégé par le biais de la propriété intellectuelle alors que le créateur de services innovants se trouve à la merci de la concurrence sans qu’il ne puisse profiter économiquement de son innovation.

Si l’on met ce raisonnement en perspective avec les travaux de Schumpeter, cette discrimination porte atteinte à l’impact de la destruction créatrice telle que présentée par cet économiste.... et de surcroît à la création d’entreprises pérennes dans le secteur des services.

Partons d’un exemple : une société nouvelle propose un service innovant dans le secteur de la restauration. S’il s’avère pour une entreprise concurrente que cette innovation est susceptible de générer une manne financière, elle n’hésitera pas à proposer le même service en profitant de son positionnement et de ses forces (rentes de situation, économies d’échelles, réserves propres, images, connaissance du marché,...) et de proposer par conséquent un service plus compétitif.

A l’inverse, en disposant d’un monopole temporaire sur le service innovant qu’elle propose, la société naissante serait en mesure de disposer des moyens d’être récompensé de son effort créatif (justice économique) et de participer équitablement à la destruction créatrice.

Bien entendu, dans une perspective de droit de la concurrence et compte tenu de la particularité du secteur des services (très sensible au changement), ce monopole doit être temporairement limité (1 à 3 ans) et ne porter exclusivement que sur des services réellement innovants, critère limitatif qui devra faire l’objet de développement.

JULIEN HOARAU juriste, DEA de droit privé

En espérant qu’un politique, qu’un économiste ou qu’un juriste puissent me lire et rebondir sur ce sujet…

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15 décembre 2005

Première page

La salle des égarés est remplie d’indignes. Sevré de place, je m’impatiente, raide, en attendant qu’une des conseillères scande mon nom. Je suis sûr de ma démarche hésitante…cette vie m’ennuie, je suis un désorienté en mal de perspectives. Mes pairs me font mal. Je les vois regarder leur pied, la honte de ne pas savoir sous les semelles, retour de manivelle du labyrinthe universitaire, un territoire où beaucoup se perdent. Je m’évade pour m’inventer une histoire, rêver à un avenir plus clément. Mon nuage a l’apesanteur fébrile, mon ballon d’oxygène se dégonfle sous les appels de mes derniers espoirs : un aiguilleur à la poitrine d’égérie de presse masculine m’invite à le suivre dans son antichambre de l’avenir. Guider par le déhanché d’une croupe rebondie, je m’en vais faire un bilan de compétences. La bonne fée s’assied devant moi d’une grâce éprouvée. Je lui tends une feuille de papier, résumé rectangulaire de ce que je suis en quatre subdivisions catégorielles…un ETAT CIVIL de 23 ans, une FORMATION bac + 4, UNE EXPERIENCE PROFESSIONNELLE limitée, des HOBBIES quelconques. Elle scrute attentivement le papier et me délivre un verdict sans appel.

- Pas terrible Monsieur Guellec.

Je m’affole, je fixe les néons pour capter une lumière, mais rien n’éclaire ma voix, ma dernière chance s’envole avec mes balbutiements.

- Je veux juste devenir quelqu’un de bien.

Elle prend la tangente du rire puis se tâte le menton.

- Je ne suis pas assistante sociale mon garçon. Je fais dans le placement. La recherche d’emploi est une profession à part entière. Il faut la prendre au sérieux. Vos propos m’indisposent.

- Le droit c‘est pas trop mon truc, y‘ a trop de mots.

Je la joue serré. Ca marche. Elle éclate de rire, la conseillère se détend.

- Vous êtes un original. La robe ne vous ira pas.

Sur le coup elle me rappelle ma mère, humour cinglant mais sympathique. Je lui concède le point, elle me congédie.

- Vous vous trouverez.

- ??

15 décembre 2005

Le comique est il encore l'arme absolue

Ce qui comble l'histoire du jeu de mots, c'est qu'elle ne fait pas rire. Cet art de table indispensable à tout notable voulant se faire voir du roi fût emporté avec ses têtes par la révolution française. Victime des refontes du système, privé de ses bourses régulières devant une Marianne triomphatrice sur le parvis de la Bastille, l'impuissant troubadour, ordonnateur ridicule de ces oratoires discursifs dû se résoudre, faire une coupe sur le roi, c'est le mot d'esprit à payer pour promulguer la République…

La violente disparition de la noblesse française et de ses partouzeurs intellectuels a fait perdre un temps la verve poétique de l'art comique à notre société. Lorsqu'une certaine censure moribonde disparaît, c'est en effet une partie du patrimoine humoristique qui s'effondre. Beaumarchais, Marivaux et Molière qui se servaient d'un excellentissime sens de la phrase pour non seulement taquiner l'opulente aristocratie mais aussi pousser le peuple à faire chuter l'ancien régime laissaient place aux poésies ternes et sans vie d'une France qui se cherche. Une entracte de quelques mois, Robespierre prend ses marques et bientôt la scène se fige. La révolution semble ne pas avoir réellement fait évoluer les choses. Fine plume, Hugo dénonce avec humour une France napoléonienne et immobile. Un siècle plus tard, le coup de grisou, la mauvaise mine, la seconde révolution crée la machine, très justement le jeu de mot prend froid et Charlie Chaplin s'élève avec lui. Aphone, gesticulant, mais bien vivant, le mot d'esprit se démembre et s'articule, télévision oblige, il se médiatise.

Le monde se pavane devant ce pantin arriviste et antisémite qui se joue de la SDN, tandis que l'ouvrier se démène dans l'infernale chaîne productive. Les multiples diffusions n’assomment personne, une seconde guerre mondiale, Ford dicte sa loi, le comique n'est plus l'arme absolue.

Dire presque tout et le dire comme on veut, est devenu le leitmotiv de notre société contemporaine. Plus besoin d'user de facéties humoristiques ou de mots d'esprit tordus pour exprimer son mépris à la bureaucratie environnante ; il suffit juste de dire les choses pour être entendu. Le résultat est éloquent : philosophes , historiens, économistes, autant de têtes bien pensantes délivrant un message censé, mais qui n'oublient jamais de se prendre au sérieux.

Coluche, probablement, le dernier français de sa catégorie a réussi là où d'autres s'étaient cassés les dents en réunissant sur une même longueur d'onde la bourgeoisie de Gaulle et le peuple de France. Dynamiteur de la discrimination économique et assimilateur d'une société dualiste, l’artiste a battu en brèche les oppositions culturelles et souffler la vedette aux poids lourds de la politique en défendant le pauvre mieux que personne.

Seulement voilà, la popularité de cet humour, qui n'est plus le privilège absolu de la nouvelle société élétiste n'a plus vraiment l'effet escompté. Appâté par les gains, les rires béa de Drucker et une nouvelle génération passive et blasée, le nouveau comique nous titille bien la rate mais pas l'esprit. On rit facilement des contrepétries d'Eric et Ramzy, des jeux de mot d'Albert Meslay. On les remercie comme on remercie Timsit, Bigard, Bedos, ces Nuls et ces Inconnus mais on se désole devant leur manque de motivation. N'ont t'ils pas oublier leur part de responsabilité devant l'opinion publique ? Même si les problèmes d'intégration sont les thèmes récurrents des comiques du moment. Même si la justesse du ton, de très bonnes caricatures rappellent constamment le malaise actuel, on regrette ces jeux de mots tapageurs, insolents ou encore ameuteurs…Pour cause, la critique de la société ne parle plus. Elle s'arrête là où elle commence à faire rire, dans l'absurde et le futile. Porté par un public payeur de ce genre de faits, le comique s'est guéri du virus contestataire, il demeure simplement un amuseur publique qui soulage du pessimisme intellectuel moderne, en proférant un burlesque facile mais un burlesque débile.

Le comique a le privilège absolu de se faire entendre. L'avènement du One Man show a fait œuvre de détruire ce pourquoi il était fait en le rendant peut être plus accessible par soucis de facilité. Même si Luchini ou Desproges jouent avec le style, ils ne font que camoufler un manque de pertinence. Si nous voulons retrouver aujourd'hui de nobles bouffons, il vaudrait mieux cesser de les montrer du doigt. . Si Bernard Henry Lévy se mettait à faire rire, n'aurait 'il pas les moyens de diffuser son message philosophique au delà du microcosme de ses adulateurs bac + 8 ? Or c'est précisément ce que les guignols de l'info tentent de faire tous les soirs, humaniser et populariser par la rire le message intellectuel. Même si parfois le cynisme frôle l'excès, il n'en constitue pas moins un véritable éveil cérébrale. Lorsque les guignols font mal, c'est qu'ils touchent justement le fond des choses, ce fond des choses qui fait réellement défaut à notre paysage humoristique. Le retour de l'arme absolue passe par la reconnaissance de cet art, cet art si justement décrie par Bergson, cet art de faire rire.

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